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Dans le nord de l’Inde, une mesure discriminatoire contre les restaurateurs musulmans illustre la dérive nationaliste

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Lors de la Kanwar Yatra, pèlerinage hindou en l’honneur du dieu Shiva, à l’est de Delhi (Inde), le 29 juillet 2024. RAVI BATRA / ZUMA REA Le restaurant Maharaja Bhoj a tout fait pour échapper au boycott. Il a changé de propriétaire, de nom, et est allé jusqu’à se séparer de tous ses employés et fournisseurs musulmans. Situé à Muzaffarnagar, dans l’Uttar Pradesh, l’Etat le plus peuplé de l’Inde, l’établissement se trouve sur la route de la Kanwar Yatra, un pèlerinage hindou en l’honneur du dieu Shiva qui se déroule tous les ans entre la fin juillet et la fin août. Lire aussi l’enquête | Article réservé à nos abonnés En Inde, Narendra Modi traque ses « ennemis de l’intérieur » au sein de la société civile Ajouter à vos sélections De plus en plus populaire auprès des jeunes hommes hindous, il est systématiquement émaillé de violences le long de sa route, qui part de la ville sacrée de Haridwar, dans l’Etat voisin de l’Uttarakhand, au pied de l’Himalaya, où les dévots puisent de l’eau du Gange qu’ils ramènent ensuite dans leur temple local. Des jours durant, des millions de fidèles issus de milieux plutôt défavorisés défilent sur les routes, transportant l’eau dans des récipients qu’ils portent sur leurs épaules à l’aide de bâtons de bambou. Ils se déplacent à pied, à moto, ou sur des camions dont les haut-parleurs crachent sans cesse de la musique. Beaucoup sont sous l’influence du cannabis et créent un climat de terreur sur leur passage. Certains établissements préfèrent même fermer leurs portes durant le pic de la marche religieuse, par peur d’être vandalisés. Cette année, invoquant « l’ordre et la sécurité », la police de Muzaffarnagar a demandé, le 17 juillet, aux propriétaires de restaurants d’afficher leur nom et celui de tous leurs employés. L’objectif non avoué est d’indiquer aux clients si l’établissement est tenu par des musulmans – qui représentent en Inde 14 % de la population, soit plus de deux cents millions de personnes – ou des hindous. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « L’Inde aux hindous ! » : comment les militants d’extrême droite du RSS pèsent sur les élections législatives indiennes Ajouter à vos sélections La mesure a été défendue par le chef de l’exécutif de l’Uttar Pradesh, le moine fanatique Yogi Adityanath, lui-même issu des rangs du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), la formation politique du premier ministre, Narendra Modi. Les pèlerins « font très attention à ce qu’ils mangent », rappelle la police, affirmant que la décision n’a rien à voir avec la religion. Durant cette période, les dévots observent généralement un régime alimentaire strictement végétarien et ne consomment ni ail ni oignon. « La police passe son temps à nous harceler » Le Maharaja Bhoj, auparavant détenu par deux frères, Shameem et Waseem Ahmad, avait déjà pris ses dispositions. Les restaurateurs musulmans de Muzaffarnagar sont depuis plusieurs années victimes de discrimination. « La police passait son temps à nous harceler et, en tant que musulman, je n’étais plus capable de faire tourner mon établissement », admet Shameem Ahmad, le cadet de 27 ans. Alors, au 1er juin, avant le début du pèlerinage, les frères Ahmad ont vendu leur affaire à une amie hindoue, Neeraj Kumari. Il vous reste 62.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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Author : News7

Publish date : 2024-09-03 16:33:33

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