Le lauréat du prix Nobel de la paix en 2006, Muhammad Yunus, avant de comparaître devant un tribunal du travail à Dacca, le 28 janvier 2024. MAHMUD HOSSAIN OPU / AP Son nom était sur toutes les lèvres. Depuis la fuite de l’autocratique première ministre Sheikh Hasina, lundi 5 août, Muhammad Yunus, 84 ans, Prix Nobel de la paix 2006, était pressenti pour diriger le gouvernement intérimaire de son pays, le Bangladesh. C’est désormais confirmé : le gouvernement de transition sera formé « avec Yunus comme chef », une décision prise à l’issue d’une longue rencontre, mardi 6 août, entre le président de la République, Mohammad Shahabuddin, dont le rôle est largement protocolaire, de hauts dignitaires de l’armée mais aussi les leaders étudiants de la coalition Students Against Discrimination. Après avoir mené la fronde qui a causé la chute de Sheikh Hasina, les étudiants ont appelé Muhammad Yunus à la rescousse et ont officiellement proposé son nom dès mardi matin. L’intéressé affirmait encore la veille que la politique n’était pas « sa tasse de thé ». Mais, au vu des circonstances, l’économiste n’a pas pu refuser. « J’ai toujours mis la politique à distance », a-t-il reconnu dans une déclaration écrite à l’Agence France-Presse. « Mais aujourd’hui, s’il faut agir au Bangladesh, pour mon pays, alors je le ferai », a-t-il expliqué, depuis Paris, avant de rentrer à Dacca, où il devrait atterrir jeudi 8 août dans l’après-midi. « Tirons le meilleur parti de notre nouvelle victoire , a-t-il déclaré mercredi, pour la première fois depuis sa nomination. Ne la laissons pas s’échapper », a-t-il exhorté dans ce communiqué, appelant les Bangladais à rester calmes. « Notre jeunesse est prête à jouer un rôle de premier plan dans la création d’un monde nouveau. Ne laissons pas passer cette chance en nous livrant à une violence insensée. » Né en 1940 à Chittagong, la grande ville portuaire du sud du Bangladesh, Muhammad Yunus a reçu le prix Nobel de la paix pour sa contribution au développement économique de son pays. Grâce à sa politique de microcrédits et la création d’une banque de prêts aux paysans, la Grameen Bank, il a participé à l’éradication de l’extrême pauvreté au Bangladesh. « Les êtres humains ne sont pas nés pour souffrir de la misère, de la faim et de la pauvreté », avait déclaré Muhammad Yunus en recevant le prestigieux prix. Surnommé le « banquier des pauvres », il confiait, en 2006, au Monde, se voir plutôt en « prêteur d’espoir ». Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Bangladesh : après le départ de la « bégum de fer », le pays plonge dans l’inconnu Ajouter à vos sélections Fort de son immense popularité, le charismatique Muhammad Yunus avait, en 2007, brièvement envisagé de créer un parti politique. Ce projet, rapidement abandonné, lui a néanmoins valu de s’attirer l’inimitié persistante de Sheikh Hasina. La « bégum de fer » voyait en lui un rival. Elle en avait fait sa bête noire et avait mis l’appareil de l’Etat au service de sa vendetta personnelle. Il vous reste 59.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Author : News7
Publish date : 2024-08-12 00:25:07
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