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Au Bangladesh, la colère étudiante s’intensifie contre l’inégalité d’accès à la fonction publique

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► Quelle est la situation aujourd’hui sur les campus du Bangladesh ?Les tensions sont fortes et les violences ont redoublé. Au moins dix personnes ont été tuées ce 18 juillet, principalement à Dhaka, lors d’affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Les éruptions de violences se poursuivent dans plusieurs villes du Bangladesh, alors que la fronde étudiante a lancé un appel à la grève.Dès le 1er juillet, des étudiants se sont mobilisés pour exiger la réforme d’un système d’accès aux postes de la fonction publique, reprochant au fonctionnement actuel de privilégier les sympathisants de la première ministre, Sheikh Hasina. En début de semaine, la situation a dégénéré et tourné aux émeutes lorsque la Chhatra League, une organisation étudiante affiliée au parti au pouvoir, est descendue dans les rues. Les deux camps se sont affrontés.Les heurts se sont poursuivis, lorsque les forces de sécurité ont été déployées pour maintenir l’ordre public. Gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc d’un côté, bâtons et briques de l’autre, les violences ont redoublé. Mercredi, un bilan de six morts, dont trois étudiants identifiés, et plus d’une centaine de blessés, était déjà à déplorer, notamment dans la capitale de Dacca et la ville portuaire de Chittagong.Pour étouffer le cycle des violences, la police antiémeute et les forces paramilitaires ont été appelées en renfort. Les écoles et les universités publiques et privées du Bangladesh ont eu l’obligation de fermer leurs portes jusqu’à nouvel ordre. Ce jeudi, « l’internet mobile a été temporairement suspendu en raison de diverses rumeurs et de la situation instable créée sur les réseaux sociaux », a déclaré Zunaid Ahmed Palak, le ministre adjoint des technologies de l’information.► Pourquoi les étudiants protestent-ils ?Le mouvement étudiant dénonce un système de recrutement qui réserve 56 % des emplois au sein de la fonction publique à certaines catégories de la population. À l’origine, cette « discrimination positive » est conçue pour intégrer à la société des groupes défavorisés. En 2018, les étudiants demandaient déjà une refonte de ce système, et Sheikh Hasina avait alors supprimé le système de quotas, au lieu de le réformer. Récemment, la Haute cour a ordonné la réintégration des réservations pour une catégorie en particulier : les descendants des combattants ayant lutté pour l’Indépendance du Bangladesh, en 1971. Ce verdict est actuellement en appel auprès de la Cour suprême.Les étudiants exigent un accès à l’emploi basé sur le mérite, et soupçonnent le dispositif de vouloir favoriser les partisans de Sheikh Hasina. Les violences ont éclaté lorsque des jeunes ont brandi un slogan provocateur à l’égard de la première ministre, qui dirige le Bangladesh d’une main de fer depuis 2009. Les étudiants de la puissante Chhatra League, organisation affiliée à son parti, sont descendus dans la rue pour s’opposer à eux. À la prestigieuse université de Dacca, le face-à-face a été explosif. « Les membres de la Chhatra League nous ont attaqués, alors que notre mouvement est pacifique, dénonce Mahabuba Nipa, étudiante en deuxième année. Nous les redoutons, ainsi que les forces de l’ordre, et nous ne nous sentons pas protégés sur le campus. Nous avons peur. »► Les protestations visent-elles directement la première ministre Sheikh Hasina ?En janvier dernier, et pour son quatrième mandat, Sheikh Hasina a été élue à la tête Bangladesh, à l’issue d’un scrutin boycotté par les principaux partis d’opposition et d’une répression sévère ciblant ses adversaires politiques. Les universités et les étudiants ont eux aussi été mis au pas, sous l’influence de la puissante Chhatra League.Au sein des étudiants, la colère a grondé face à un pouvoir de plus en plus autoritaire. Le chômage est par ailleurs vécu comme une lourde menace, avec près de 32 millions de Bangladais sans emploi ou sans formation, au sein d’une population de 170 millions.« Les manifestants demandent une réforme, et le gouvernement le souhaite également, rappelle le commentateur politique Khalillulah Jibon. Les conflits et la violence sont dus à un manque de confiance entre le gouvernement et les manifestants en raison de griefs de longue date et d’espoirs brisés qui se sont accumulés au fil des ans. »

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Author : News7

Publish date : 2024-07-18 21:22:55

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